« Dans un monde de flou »
Edito 2025
Trop de flou ? Pas assez ?
C’est ambivalent, le flou. Ça fait un peu peur. Avec le développement hyperbolique de nos systèmes technologiques, les frontières du réel se brouillent, ouvrant la porte aux manipulations, aux fantasmes du complot. Des systèmes boîtes noires tellement complexes qu’on ne sait pas trop ce qu’ils font. Le deep fake et les fake news. Les transhumanistes et les extropianistes… même les contours du corps ne sont plus très nets.
Pourtant c’est là, dans cet espace-temps frontière, que tout est encore possible.
C’est peut-être à cet endroit que se situe la possibilité d’une résistance à l’obsession de la mesure, du contrôle, de la prédiction, de l’optimisation, de l’efficacité. De l’uniformisation et de l’industrialisation. De l’accélération. Dans les erreurs, le bug, l’incertitude, s’ouvrent des espaces imaginaires à mettre en scène. Et aussi une nouvelle forme de relation entre l’humain et la machine. Un dialogue qui devient possible parce que l’autre est indisponible, parce qu’on ne peut pas prévoir ses réponses. Parce qu’au lieu de chercher à éviter ses failles, ou de les enfouir sous le tapis, on les accepte comme celles d’un alter-ego. D’un partenaire, qui certes n’a pas d’affect, mais auquel nous pouvons confronter notre sensibilité, avec lequel nous pouvons raconter nos histoires.