Après #Softlove d’Eric Sadin, Le Clair Obscur poursuit son ascension autour de son Laboratoire Dystopique avec Les Furtifs d’Alain Damasio.
2040, Orange. L’humain, soumis aux technologies, est en proie à la dévitalisation. Un père, à la recherche de sa fille disparue, se heurte aux créatures chimériques des Furtifs dont la technologie aurait enfin su capter la présence ; sont-elles des mutations ? des devenirs ? ou bien des êtres parallèles ? Pour les comprendre, le chasseur devra emprunter la peau des proies qu’il traque.
Le Furtif vit hors du regard et dès lors le théâtre, qui traditionnellement expose, s’attèle ici à montrer ce qui est caché. Augmenté de conception 3D qui suggère, Le Clair Obscur met en lumière cet interstice où l’humain est mis face au vide d’une vie numérisée.
LA CRÉATION NUMÉRIQUE POUR UN THÉÂTRE DES HUMANITÉS
L’univers futuriste des Furtifs amène au déploiement de tout un arsenal technologique. Au programme : 3D temps réel, régie de corrélation, interaction son / lumière / vidéo, lasers, automatismes, capteurs biométriques, télésurveillance… Mais aussi un essaim de drones, une spiderbot, un automate, un tchatbot…
Face à ce tout technologique, le plateau se débarrassera progressivement des instruments de techno-contrôle pour laisser une place au vivant et aux corps, offrant aux spectateurs le pouvoir de se révéler furtifs à leur tour.
Le projet humaniste de Damasio ne pouvant passer que par l’humain, le lien et la communauté, quatre comédiens seront présents avec énergie sur scène pour prendre en charge les différents protagonistes de l’oeuvre.
EXTRAIT
Le XXIe siècle se sera ouvert sur le réchauffement climatique, la sixième extinction des espèces, l’épuisement tranquille et écœurant des ressources fossiles. Il aura été celui de l’anthropocène, et des écocides. Il bascule sur l’émergence d’une espèce que la science n’avait jusqu’ici pas été capable de déceler.
Mais ce qui frappe, plus encore que les réflexes habituels de sanctuarisation de la nature, c’est que notre relation au vivant est en train de changer, grâce aux furtifs. Pour beaucoup de jeunes adultes, la question n’est plus : « Comment sauvegarder la nature ? » mais « Comment cohabiter avec les furtifs ? Comment s’hybrider avec eux ? »
Et mieux : « Comment rendre furtives nos existences ? » Ce qui va exiger de nouvelles pratiques d’ouverture, de composition et d’écoute qui, à ce jour, doivent être envisagées.
Aujourd’hui, une alternative est née. Elle n’est pas technologique : elle est organique. Elle est issue directement du vivant. Une fois n’est pas coutume et nous pouvons l’affirmer sans ironie : « Nous vivons une époque formidable »
L’AUTEUR – ALAIN DAMASIO
En 1991, il quitte ses études et choisit de s’isoler pour s’adonner à l’écriture. Il associe au domaine de l’anticipation politique des éléments de science-fiction ou de fantaisie et décrit des dystopies politiques.
Son premier texte long vendu à plus de 50 000 exemplaires est La Zone du dehors, roman d’anticipation qui s’intéresse aux sociétés de contrôle sous le modèle démocratique « dans lesquelles les citoyens se contrôlent mutuellement ».
Son second livre est récompensé par le grand prix de l’Imaginaire 2006 dans la catégorie roman. Proche « des épopées philosophiques aux accents révolutionnaires, des univers poétiques balayés par les vents », La Horde du Contrevent, véritable succès public, est régulièrement cité dans les « incontournables » de la science-fiction française.
En 2009, il écrit La Rage du sage, essai politique et poétique sur notre époque, pour le single gratuit Memento mori du groupe Sliver.
Alain Damasio scénarise également Windwalkers, un film d’animation tiré de La Horde du Contrevent, avec Jan Kounen à la réalisation et Marc Caro à la direction artistique.
Il a travaillé de nombreuses années sur son dernier roman, Les Furtifs, «description d’une société de contrôle horizontal, où tout le monde contrôle tout le monde via les réseaux sociaux ».
Crédit visuel : Mickail Sedov